Louange à Dieu que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, sa Famille et ses Compagnons,
Monsieur le Président,
Messieurs les Chefs d’États et de Gouvernements,
Monsieur le Président de la Commission,
Mesdames et Messieurs,
D’emblée, je voudrais adresser à S.E.M le Premier Ministre, Dr Abiy Ahmed, mes plus vifs remerciements et ma gratitude à Vous, à votre gouvernement ainsi qu’au peuple éthiopien pour l’accueil chaleureux et fraternel qui, comme à l’accoutumée nous a été réservé à moi et à ma délégation depuis notre arrivée dans votre beau pays.
Je souhaiterais, ensuite, m’acquitter d’un agréable devoir, celui de vous présenter à toutes et à tous mes vœux les meilleurs pour cette année qui débute. Je souhaite paix, sécurité, stabilité et prospérité à notre continent.
Monsieur le Président,
Il n'y a pas de réparation possible pour quelque chose d'irréparable et qui n'est pas quantifiable. » disait Aimé Césaire.
Aucune somme, au monde, ne pourra réparer le préjudice causé à l’Afrique à travers la traite négrière, l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme parce qu’ils ont eu lieu et parce que rien ne viendra défaire ce qui a été́ fait.
Les atrocités et humiliations subies ont laissé une blessure profonde et générationnelle dans nos communautés et dans notre histoire.
De nos jours, nous entendons des questions telles que « Pourquoi maintenant ».
Tout d’abord, cette problématique n’est pas nouvelle. C’est un travail qui a été amorcé depuis longtemps par l’OUA en 1963 et par la Communauté des états des Caraïbes et qui a été réaffirmé par la Déclaration et le Programme d’Action de Durban en 2001, il y a plus de 20 ans.
Ensuite, parce la vérité historique oblige et ce qui s’est passé doit être reconnu pour le crime contre l’humanité qu’il est.
Enfin, bien que ce soit le passé, notre présent en est profondément impacté. Oui, au-delà du passé qu’il est question de réparer, nous voulons une réparation pour le présent. Le présent et ses défis à relever. Le présent et ses injustices à corriger.
Monsieur le Président,
Il s'agit ici de reconnaître les conséquences dévastatrices des siècles d'exploitation et de veiller à ce que le legs de l'esclavage et de la colonisation soit discutés avec honnêteté et intégrité.
Au cœur de cette problématique se trouve, à mon sens, le racisme. Cette distinction entre « race supérieure » et « race inferieure ». Nous n’avons pas besoin d’illustrer ses effets car nous voyons nos frères et sœurs se faire tuer juste à cause de la couleur de leur peau.
C’est cette distinction terrible et hideuse qui a, dans le passé, été le socle l’esclavage et ensuite de la colonisation.
C’est cette distinction, aussi, qui a légitimé l’exploitation de l’Afrique, des africains et des personnes d’ascendance africaines pendant des siècles.
C’est cette distinction, enfin, qui explique, encore aujourd’hui, le double standard lors de nos négociations dans les instances internationales et est le résultat de nos difficultés à accéder au développement durable.
Monsieur le Président,
Le monde est aujourd’hui confronté à plusieurs défis. Des défis qui ne connaissent ni frontières, ni classes, ni races. Pourtant, les systèmes que nous avons en place, et qui ont été bâtis sur les fondements des anciens ordres mondiaux, persistent et continuent de perpétuer les inégalités, exacerbant les défis mêmes que nous cherchons à surmonter.
Nous sommes tous conscients que les conditions actuelles de la gouvernance économique mondiale sont dépassées et inadaptées à notre réalité. Malgré notre plaidoyer devant les différentes instances internationales, les paramètres ne changent pas beaucoup et continuent à nous maintenir dans la pauvreté et le sous-développement.
Le terme « réparations » semble affoler. Mais lorsque nous parlons de réparations, nous ne parlons pas simplement de compensation financière. Nous parlons de justice ; nous parlons de reconnaissance ; nous parlons de développement.
Oui, la solution aux réparations doit être multigénérationnelle et fondée sur le développement. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser perpétuer l’héritage colonial, dans lequel certaines nations contrôlent le sort des autres, tout en ignorant leurs aspirations légitimes au développement, à la justice et à l’égalité.
Pour illustration, regardons un peu la difficulté́ des COP à aboutir à des résultats concrets alors que le diagnostic est posé depuis des décennies, et que les solutions sont connues depuis longtemps.
Enfin, Monsieur le Président, cette problématique nécessite une action collective et plus forte de notre part. Nous, Chefs d’États et de Gouvernements, devons nous investir politiquement plus, donner une place de choix à cette question dans notre agenda, proposer une série de priorités et de positions plus robustes.
Je vous remercie.